13 octobre 2022, 11h30.
Nous avons quitté notre emplacement à la marina Alcaidesa vers 11h30. Heure idéale en tenant compte des courants et de la marée. Et du vent, évidemment.
La météo devrait être favorable sur tout le trajet, avec parfois des vents un peu forts.
Nous sommes actuellement sous GV 1 ris, en prévision du vent attendu en sortant de la baie, et gennaker. Vent 13 noeuds, on n’avance qu’à 6 noeuds. Soyons patients.
Il va être temps de couper la 4G pour ne pas se faire bouffer les forfaits sur la côte marocaine
15h15
Nous avions établi la GV et le gennaker en prévision du vent portant dans le détroit. Ce vent, de 10, 12 noeuds, nous faisait péniblement avancer à 5 ou 6 noeuds. L’angle au vent, de presque 150°, était la limite d’usage du gennaker par ce vent. Et nous étions parfois en dessous, et presque dans la plage d’usage du code 0.
Bref, notre garde-robe de portant est une misère dans ces conditions.
Comme on se rapprochait des côtes marocaines, il allait nous falloir empanner. Ça n’est pas un problème, mais tirer des grands bords de grand largue dans un tel détroit, c’est se compliquer la vie.
Alors on a roulé le gennaker, on l’a affalé sur le trampoline, rangé dans son sac. Puis on a amené la GV, on a sorti et établi le spi symétrique.
On avance maintenant plein vent arrière, dans le sens de la houle, à la moitié de la vitesse du vent météo, qui oscille entre 14 et 16 noeuds désormais.
C’était le bon choix.
On repassera peut-être sous gennaker à la sortie du détroit, puisqu’on va suivre une route WSW pendant un moment.
On verra bien.
Pour l’heure, le ciel est clair, la houle pas trop forte, les tankers et autres cargos nous longent en rentrant en Méditerranée sur notre bâbord. Tout va bien…
17h45
Nous naviguons toujours sous spi symétrique, par 170° du vent sur tribord, toujours à la moitié de sa vitesse : entre 9 et 10 noeuds le plus souvent.
J’ai opté pour une route un peu au nord de notre destination car le vent devrait tourner au SW dans la nuit. En prenant d’ores et déjà un peu d’angle et en le gardant sur notre tribord, je descendrai un peu moins et je pourrai conserver le spi toute la nuit en place.
Il est possible que nous rencontrions un vent un peu plus fort dans quelques heures, et cette voile le supportera sans problème pour nous.
Et demain matin je pense que nous enverrons la GV et le gennaker.
Nous sortons franchement des côtes européennes et africaines : à nous le grand large !
J’espère une nuit paisible, ça nous changera…
Plus un nuage autour de nous, le ciel étoilé ne devrait être entaché que de la quasi pleine lune…
Nous avons goûté avec une part de quiche Lorraine concoctée ce matin par Béa : miam…
19h
Nous avons eu des rafales à plus de 30 noeuds. Au surf, sur une vague descendante, nous avons dépassé 17 noeuds !
C’est musclé dehors.
J’ai remonté le spi plus haut pour qu’il prenne un peu moins de vent, je pense que je vais le remonter encore un peu.
Le pilote automatique assure bien, même si notre cap varie parfois de 10/15° de part et d’autre de la route suivie. Ce sont les vagues qui nous déstabilisent ainsi…
Je vais essayer de nous mettre dans leur sens.
Je viens de prendre la météo : les conditions vont être nettement plus fortes que prévu…
Notre vent apparent n’est toujours que de 14 a 16 noeuds : Ti’amā file assez vite pour absorber le vent qui nous pousse.
Mais c’est impressionnant !
No stress, on ne risque rien. Ça va bien se passer mais la nuit sera moins reposante que je ne le disais tout à l’heure…
20h30
Quitter la Méditerranée pour l’Atlantique, est-ce mieux?
Ti’amā navigue comme des chevaux sauvages lancés en plein galop.
Bien que nous ayons mis le spi haut pour ralentir Ti’amā, celui-ci file parfois à peine moins vite que le vent. Du moins en donne-t-il l’impression.
Il surfe sur de hautes vagues passant de 9-10 kts, sa vitesse de croisière, à parfois 14 voir 18kts en un instant et dans un vacarme terrible. Alors que le vent réel, lui se maintient entre 19 et 25 noeuds. Mais nous avons aperçu avant le coucher du soleil des pointes à plus de 30…
On a l’impression que Ti’amā va se disloquer. Tout craque, l’eau cogne contre les coques qui font alors caisses de résonance.
C’est très impressionnant et encore plus de nuit.
Et pourtant le bateau, à l’intérieur, est stable. Il ne fait pas le fétu de paille, brinquebalé par une mer chaotique, comme nous l’avions vécu sous les orages, en septembre, en direction de Carthagène.
Parfois, une vague soulève les jupes de Ti’amā dont les étraves plongent dans l’océan. Les flux d’eau de mer arrivent ainsi parfois à entrer dans le cockpit, par l'arrière !
Pourtant, quand on regarde au dehors, la mer est assez calme, seule la houle va et vient sur des creux de 2 à 3 mètres.
Un tanker de 180m nous suit depuis des heures. Il navigue à peu près à la même vitesse que nous, il n’est qu’à 2NM derrière nous, et va visiblement à Madère.
Nous filons à près de 11 noeuds, cap au 240, le vent tourne petit à petit SW.
Après discussion nous sommes tombés d’accord : nous descendons directement aux Canaries, sans passer par Madère.
Il nous faudra un peu plus de trois jours au total, nous devrions arriver dimanche. Portés par le vent, peut-être même sous spi jusqu’au bout…