Le mauvais mouillage de Corralejo, et un coup de gueule !

Un mauvais mouillage

Ce qui est un peu compliqué ici, au mouillage de Corralejo, c’est qu’il y a peu de fond, qu’il n’y a pas du sable partout pour bien accrocher l’ancre, qu’il y a des plateaux rocheux à faible profondeur à pas mal d’endroits dans la baie. Tous les bateaux qui sont au mouillages essaient de ne pas aller trop au large de la baie, pour rester en partie protégés par les digues du port, et éviter le trafic des bateaux touristiques ou des ferries. Ils sont sur des fonds de 5 à 6m, guère plus.
Certains essaient de se faufiler pour aller mouiller dans 3 ou 4m de fond.
Oui mais toutes ces profondeurs sont celles des plus basses grandes marées enregistrées. Il y a en général un bon mètre de plus toute l’année, et encore 2 de plus à marée haute.
En clair, quand on s’installe, entre ce qu’indiquent les cartes et ce que donnent nos instruments il y a presque 3m d’écart…
Ce qui se traduit, pour nous, par quasiment 15m de chaîne.
Pas simple alors de trouver un bon endroit pour mouiller durablement. Nous avons d’ailleurs déjà changé de place depuis notre arrivée.
Et quand la houle rentre du nord, comme ce soir, alors que la marée basse est importante grâce à la pleine lune, les conditions deviennent stressantes.
Le vent d’est incite le bateau à s’orienter vers l’est. Plus ou moins, selon l’ampleur du courant de marée.
La houle de nord-nord-ouest nous prend alors en plein travers, et passe sous Ti’amā avec 1m d’amplitude tout au plus, mais suffisamment pour que les deux coques ne soient plus du tout au même niveau. On se croirait alors presque sur un monocoque.
Bon, soyons honnêtes, les monocoques aux alentours bougent quand même plus que nous, si j’en juge par les mouvements de leurs feux de mouillage…
Ça, c’est pour la partie mouvement un peu désagréable.
Mais ça n’est pas tout.
Les hauts fonds, qui attirent les surfeurs régulièrement et qui les amassaient à moins de 100m de nous ce soir, sont tout proches. Et parfois la vague qui nous secoue déferle à 10 ou 20m seulement derrière Ti’amā…
Il y a en ce moment environ 3m d’eau sous nos coques. Notre tirant d’eau est d’1,2m. Nous avons de la marge. Et la houle n’est pas violente, va en se calmant, il n’y a rien à craindre.
A condition que l’ancre tienne !
C’est toute la question.
Nous avons déroulé 50m de chaîne et installé une patte d’oie efficace. Ti’amā reste dans sa zone de mouillage sans s’en éloigner, d’après l’application « Anchor! » qui me sert d’alarme en cas de dérapage. Tout va bien, donc. Rien à craindre non plus.
Mais savoir tout ça n’empêche pas le cerveau de ruminer, de cogiter, de fabriquer des trucs.
« Et si… ».
Demain, nous allons regarder s’il est possible de nous déplacer un peu, dans des eaux légèrement plus profondes. Il nous faudra alors trouver un bon fond de sable qui accroche bien…


Un coup de gueule

Quoi de neuf aujourd’hui ?
Un coup de gueule…
Nous avons passé pas mal de temps au mouillage de Corralejo. Nous en sommes partis aujourd’hui pour aller nous mettre à l’abri du vent fort et de la houle potentiellement marquée annoncés pour ce week-end.
Le mouillage à Corralejo est sympa en lui-même : une petite ville touristique pleine de commerces, de bars, de restaurants. De nombreuses écoles de surf, de kitesurf, de wing-foil, des centres de plongée, des « taxis » nautiques pour vous conduire sur l’île de Lobos (pour y aller surfer). Bref, une halte en principe fort agréable.
Bon, le fond de la zone de mouillage est un peu délicat. Un fond de sable en apparence, mais essentiellement composé de grandes plaques de roche recouvertes de plus ou moins de sable. Avec plein de petits rochers affleurants, de 10cm tout au plus, mais assez pour « coincer » la chaîne. Un mouillage moyennement fiable en définitive. Pas assez pour que nous y restions faire face à un avis de grand frais pour le week-end, par exemple : j’ai confiance dans ma ligne de mouillage, mais pas dans ces fonds…
Mais mon coup de gueule n’est pas là. Un mouillage de tenue médiocre, nous en aurons d’autres. Rien d’inhabituel.
Mon coup de gueule va à la gestion du port de Corralejo.
C’est le seule port que je connaisse à ce jour dans lequel il soit interdit de laisser notre annexe. Nous pouvons venir à la nage, en nous téléportant, mais pas en annexe.
Il se dit, et c’est ce que les types de la sécurité nous ont expliqué, que nous devons laisser l’annexe sur la plage.
Notre annexe est trop lourde pour ça, nous avions donc acheté une petite annexe à rames à Rubicón il y a une quinzaine de jours, en prévision.
Un jour, alors que nous débarquions sur la petite plage en question, et alors que deux annexes à moteur étaient déjà remontées sur ladite plage, les deux restaurateurs dont la terrasse donne sur la plage nous interpellent : il est interdit de laisser l’annexe là !
Nous palabrons tant bien que mal, un peu en espagnol de cuisine, un peu en anglais. La police municipale est passée peu avant, a pris en photo les deux autres annexes : c’est interdit. La nôtre est minuscule, ressemble à un engin de plage ordinaire, : ça devrait être accepté. Mais pas sur cette plage, en principe. La plage « autorisée » est juste à côté, de l’autre côté de la grosse digue en pierre. Une microscopique plage aux abords rocheux, sur laquelle certains pêcheurs laissent leurs petites barques permettant de rejoindre leurs bateaux au mouillage. Un endroit que même les chiens désertent…
Finalement, on nous explique qu’avec notre jouet à rames il est possible de rester sur la grande rampe d’accès qui descend sur la plage. Ça ne gènera personne, et la police ne dira rien…
Nous faisons donc nos 25 minutes de rames aller, et nos 25 minutes retour plusieurs fois durant le séjour. Mais pas question d‘aller au restau le soir comme nous aimons le faire habituellement. Ni même de louer une voiture pour découvrir l’île.
L’école de kitesurf vient me récupérer sur Ti’amā pour les sorties en mer : un moyen de contourner le problème.
Mais Béa va plonger durant notre séjour. Il y a tout son matériel à amener au centre de plongée. On prend donc notre « grosse » annexe et on file au port. Personne en vue, on s’amarre sur un ponton désert (car en fait il y a plein de place) et on va au centre de plongée.
Ni vus, ni connus !
Les autres jours, je fais le taxi. Un jour, deux personnes de la sécurité du port nous expliquent que nous n’avons pas le droit de laisser l’annexe. Nous discutons un peu, je leur demande comment faire, puisque nous ne pouvons pas remonter cette grosse annexe sur la plage. Ils rient, mais me disent qu’ils ne peuvent rien faire. C’est le chef du port qui refuse, et c’est comme ça. Il est en vacance, alors ils ferment les yeux, mais dès lundi (il y a 2 jours), le chef revient, la tolérance passe à zéro !
Mardi, Béa m’amène pour une leçon de kitesurf : elle va juste me déposer au ponton. Nous sommes interpelés par un autre type de la sécurité du port, qui nous a probablement pistés avec les caméras de surveillance : Interdit !
Il me voit descendre, Béa reste aux commandes : interdit !!
Oui, en fait, il est interdit d’entrer dans le port en annexe !
« Sur la plage ! » dit-il sans concession ni compassion.
Je lui explique que la police municipale interdit de déposer les annexes sur la plage (les deux plaisanciers aux annexes photographiées ont été convoqués au poste, ont eu un rappel à « la loi », et ont quitté Corralejo).
« Rienafout » me dit-il, en gros. Le chef interdit, le chef commande, dégagez de mon port !
Je lui demande comment on fait pour aller faire les courses, aller au restau, etc. Pas de réponse, il s’en fout !
Je lui demande un texte officiel attestant de l’interdiction : il s’en fout, ce sont les instructions, il obéit.
Je lui demande de nous coller un PV avec le motif en question : non plus. Je pense qu’en fait il ne peut rien faire.
Il me menace d’appeler la Guardia Civil : je lui explique que nous avons parlé avec eux dès notre arrivée, et qu’ils nous ont dit que pour eux, dès lors que l’annexe ne gênait personne, il n’étaient pas concernés !
Bref, dialogue de sourds : je l’ignore, lui et son téléphone avec lequel il fait semblant d’appeler son chef, et je vais à ma leçon. Béa me récupèrera plus tard à côté de la petite plage, le long de la digue, en dehors du port de « sa majesté ».
Bref, nous sommes une poignée de plaisanciers à venir ici. Rien en comparaison des centaines, des milliers de touristes qui viennent en avion ou en ferry depuis Lanzarote. Et nous sommes des indésirables…
Et le chef du port, depuis l’époque Covid semble-t-il, a décidé que les plaisanciers étaient bannis de « son » port.
Il fait du tort à la ville qui l’emploie, à la réputation d’accueil des Canaries, aux commerçants avec lesquels nous avons discuté, qui ne comprennent pas cette attitude, nuisible pour eux.
Mais cet homme a un petit pouvoir de nuisance, il l’exerce et le fait imposer sans concession.
J’avais envoyé deux longs mails à ses services en arrivant, un en anglais, un en espagnol, pour demander une tolérance, même minime.
Aucune réponse.
Alors vous l’aurez compris, mon coup de gueule va à l’encontre de cet homme et de sa décision dont les qualificatifs me manquent tant elle est … bah, les mots manquent, justement 🤪.
Allez, bonjour chez vous

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